La dernière frontière

Il faut sans doute être un peu fou, pour se lancer dans un projet tel que celui pour lequel nous nous apprêtons à grimper dans l’avion.

La boule au ventre, entre excitation et appréhension, nous avançons le long de la passerelle puis prenons place dans l’engin. Le voyage est relativement long. Nous faisons une première étape à Calgary, au Canada et passons sans trop de soucis les différents postes de sécurité. Le vol suivant nous dépose à Seattle, où nous récupérons notre dernier vol à destination de Fairbanks, Alaska.

Nous atterrissons à minuit et demi, sous un ciel de fin d’après midi : si loin au Nord, depuis le solstice d’été le 21 juin, le soleil ne se couche jamais vraiment.

L’arrivée nous réserve déjà quelques surprises : le sac de Juan a décidé de continuer le voyage tout seul de son côté (pas moyen de le localiser) et nos vélos, qui auraient déjà dus être arrivés depuis quelques jours, sont eux en rétention administrative quelque part à la douane américaine. Alors oui, rien de bien grave, évidemment…. Seulement un périple à vélos, sans vélos, cela semble un tantinet audacieux…non ?

Nous sommes cependant accueillis chaleureusement par nos fantastiques hôtes Ephy et Ryan, qui nous installent confortablement dans le bureau. Au matin, nous découvrons leur jolie maison de bois, calée contre la forêt de pins et de bouleaux dans laquelle viennent se promener les orignales en hiver. L’endroit est magique et la générosité de nos nouveaux amis sans limites. Pendant trois jours, nous transformons notre refuge Alaskain en camp de base pour la préparation finale de notre voyage. Et le lundi, nous récupérons enfin sac et vélos ! Les boites sont cependant en piteux état. Il y a des trous partout, du matériel a été perdu. Les coins sont mâchés, écrasés. Et nos vélos ont durement souffert !

Notre départ pour le cercle polaire arctique étant prévu le lendemain matin à 6h, Juan et Ryan se précipitent chez le réparateur. Il y a du boulot. Le moyeu de la roue arrière du vélo de Juan est bancal, le mien a besoin d’un complet checkup. Chez Goldstream, magasin spécialisé un peu excentré de Fairbanks, nous trouvons la star locale de la réparation de vélos, qui fait des merveilles sur nos pauvres bicloos esquintés.

Quelques emplettes plus tard chez REI pour finir de compléter l’équipement et nous sommes parés !

Nous célébrons ce chaotique début de voyage avec Ephy et Ryan que nous remercions autour d’un délicieux diner Thai.

Mardi 30 juillet, 4h30 du matin : la sonnerie du réveil nous fait émerger d’un bond. Couchés a 1h30 pour finir de boucler nos sacs et préparer les vélos, nous n’avons pas beaucoup dormi. Sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller nos hôtes, nous descendons enfourcher nos montures. Enfin ! Quelle exaltation de parcourir les rues vides au petit matin ! La lumière bleutée du « soleil qui ne se couche jamais » nous accompagne un moment, avant de disparaître derrière une épaisse couche de nuages noirs. Le temps se gâte… déjà.

Nous pédalons sous un ciel menaçant pendant 6km, avant de rejoindre notre destination avec les premières gouttes. Une demi-heure plus tard, nous regardons, depuis la navette, la pluie s’abattre à gros bouillon sur la route nous conduisant plus au nord vers notre véritable point de départ : le cercle polaire arctique.

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