Tout le monde connaît, ou tout le moins dispose d’une vague notion sur les civilisations Aztèques ou Mayas. Mais avez-vous déjà entendu parler des Purépechas ?
Les Purépechas sont également un peuple pré-hispanique, formant l’Empire Tarascan, qui s’étendait à peu près en lieu et place de l’actuel Etat du Michoacan et s’épanouissait notamment autour du lac de Patzcuaro. Leurs plus redoutables ennemis étaient les puissants Aztèques.
Victimes des attaques répétées de ces derniers tout au long du 15e siècle, les Purépechas accueillirent avec joie les premiers colons espagnols… ce fut une erreur! En 1529, le brutal conquistador Guzman s’installa dans la région et fit connaître cinq années de violence à ces habitants, avant d’être finalement rappelé par le gouvernement espagnol, arrêté et emprisonné (on ne peut qu’imaginer le niveau de cruauté).
A sa place et afin de mettre un peu d’ordre, fut détaché de Mexico city en 1536 le respecté juge Vasco de Quiroga. Erudit, cultivé, philanthrope et déterminé à faire fleurir la culture Purépecha, Quiroga s’inspira des idées humanistes de Thomas More (1478 – 1535) et notamment de son ouvrage L’Utopie. Il encouragea l’éducation, le développement de l’autonomie alimentaire des villages, ainsi que l’égale contribution de tous les habitants à la communauté, évitant de ce fait tout dépendance du peuple Purépecha aux propriétaires terriens espagnols et aux seigneurs miniers de la région.
Quiroga aida également chaque village à développer un artisanat unique de poterie, vannerie, guitare, bijoux, masques, dont le savoir faire ancestral perdure de nos jours.
De Zamora à l’ancienne capitale Tzintzuntzan, en passant par Uruapan et Patzcuaro, nous avons traversé à vélo le beau pays des Purépecha.
Ignorant tout de cette communauté, notre surprise est grande, après une vingtaine de kilomètre de grimpe dans la montagne, d’entrer dans le petit village de Cocucha en fête, les habitants ayant tous revêtus leur plus beaux habits traditionnels pour célébrer Saint Bartolomé. Plus grand encore est notre étonnement en entendant qu’ils ne parlent pas espagnol ! La langue officielle et enseignée depuis la naissance est en effet le Purépecha. L’espagnol ne sert que pour le négoce ou pour communiquer avec les touristes.
C’est sous une pluie diluvienne que nous rejoignons finalement le village de Angahuan, citée traditionnelle avec ses maisons de bois, coincée dans la montagne à 2380m d’altitude et entourée de forêts de pins. Des femmes aux longs cheveux noirs tressés, portant de traditionnelles jupes plissées leur arrivant à la cheville et enveloppées dans de jolis châles colorés s’affairent dans les échoppes pendant que des hommes à la peau tannée et aux larges sombreros avancent d’un pas pressé le longs des rues pavées et glissantes. Des enfants jouent un peu plus loin avec un lasso et les restes du scalpe cornu d’un bœuf. Il fait froid et humide. Nous redoutons de planter la tente mais l’unique hôtel du village est fermé. Nous nous préparons à aller demander asile à l’église proche, quand un homme s’approche finalement avec curiosité. Après les questions d’usage et présentations, il nous oriente vers une chambre à la sortie de la ville et nous propose les services d’un de ses amis pour nous guider sur les flans de l’incroyable attraction de la région : le volcan Paricutín.
Exceptionnel, ce volcan l’est à plusieurs égards. La légende veut que en 1943, un fermier travaillait dans son champ de maïs quand la terre a commencée à s’écarteler, à cracher de la vapeur, des étincelles et de la cendre brûlante. Malin, l’homme n’a pas attendu son reste pour décamper, alors qu’un volcan commençait lentement mais surement à émerger des entrailles de la terre.
Pendant un an, le volcan s’est doucement formé, a continué à grandir et a vomir sa lave jusqu’en 1952, engloutissant au passage deux villages, laissant cependant assez de temps aux habitants pour s’échapper. L’un de ces villages n’était pas plus grand qu’un ranch, mais du second, il ne reste que le clocher et l’autel de la magnifique église, enfermée pour toujours dans son écrin de lave.
C’est à cheval que nous avons choisi d’explorer les flans de ce mystique volcan, découvrant ses ravages avec fascination et appréciant la splendeur de la nature renaissant de ses cendres en un vert éclatant. La randonnée de cinq heures sur des selles de bois nous laissera avec des paillettes dans les yeux et de formidables bleus aux fesses !